Retour à un marché d’acquéreurs !

En cause ? Le contexte international avec la guerre en Ukraine, l’augmentation des taux bancaires, un taux d’usure bas, une inflation grandissante et les difficultés à obtenir un prêt immobilier pour les acquéreurs. « Nous avons constaté une baisse des transactions consécutives à toutes ses raisons auxquelles sont venues s’ajouter les difficultés liées au cadre législatif avec l’encadrement des loyers et la réglementation avec le diagnostic de performance énergétique (DPE). Celui-ci renseigne sur la performance énergétique et climatique d’un logement ou d’un bâtiment (étiquettes A à G), en évaluant sa consommation d’énergie et son impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Les logements avec une forte consommation d’énergie, appelés « passoires thermiques » (classés G), sont désormais interdits à la location » ajoute Anne de Planchard D’Immocréation.

Conséquences ? « Des investisseurs immobiliers qui ne peuvent plus avoir de locataires et n’arrivent plus à rembourser leurs prêts. Et s’ils n’ont pas le budget pour effectuer les travaux, ils sont contraints de vendre mais leur bien est forcément dévalué compte tenu de son mauvais DPE » ajoute Damien Angèle d’Angèle Immobilier.

« Mais les vendeurs ont encore du mal à accepter cette baisse, pourtant inéluctable. Cette prise de conscience aurait des effets d’ici quelques mois je pense. Mais une fois, mis au prix, les biens classés G et F devraient bien se vendre car ce seront des budgets plus abordables pour certains acquéreurs » note Timothée Marsande de l’agence Re/max.

« Une problématique qui touche aussi les résidences principales considérées comme des passoires thermiques » souligne Anne de Planchard. « Ces biens voient leurs prix de vente baisser, ce qui crée de grandes disparités de prix au mètre carré, parfois dans un même immeuble. »

Une décote qui profite à certains acquéreurs, comme le souligne Damien Angèle : « Cela donne du pouvoir aux acheteurs qui négocient, notamment les marchands de bien qui entreprennent les travaux nécessaires et peuvent faire ainsi de bonnes affaires. »

Une constatation partagée par Deanna Nociar de Rainbow Conseils qui note, quant à elle, la difficulté rencontrée pour savoir quels travaux doivent être engagés et estimer les coûts. « Cela crée un certain attentisme car la règlementation est complexe et il y a une incertitude quant à son évolution. »

Une chose est sûre, et tous les professionnels le constatent, le diagnostic énergétique est devenu l’un des premiers critères de choix, lors d’un achat immobilier. « C’est arrivé très vite mais maintenant on ne parle plus que de cela ! » confie Damien Angèle, un avis que confirme Deanna Nociar : « Lorsque l’on annonce que le bien est classé F ou G, les personnes refusent les visites ! Avant le diagnostic n’était pas un critère et bien souvent les acquéreurs le découvraient seulement lors de l’acte de vente ! C’est à la fois une bonne chose car les acquéreurs sont de plus en plus préoccupés par les problèmes écologiques et énergétiques ».

« Les biens se distinguent désormais par leur « valeur verte » ! » ajoute Timothée Marsande. Reste à savoir comment améliorer son DPE. Pour cela être conseillé par l’ALEC (l’Agence Locale de l’Energie et du Climat de la Métropole de Lyon) peut être intéressant, notamment pour les immeubles en copropriété.

En 2023, le marché immobilier semble ainsi se tendre avec des prix revus à la baisse, une hausse des vendeurs par rapport à celui des acquéreurs, un déséquilibre qui n’inquiète guère les professionnels, comme Anne de Planchard : « Le marché se régule ce qui est finalement normal et la ville de Lyon et la Métropole demeurent très attractive , nous avons de bonnes raisons de rester optimistes ! »